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dimanche, 12 juin 2005

ROLAND AGRET. "Je suis une inguérissable plaie vivante, je n'ai pas envie de m'en sortir, je sais juste me bagarrer pour que les choses évoluent un petit peu..."

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Les erreurs judiciaires, il connaît. « Je suis la 3ème erreur judiciaire reconnue en France », déclare Roland Agret. A ce jour, on en répertorie 6 ; la révision d’un procès criminel est en effet une chose rarissime dans notre pays.
Sa vie entière a été un combat, un combat pour sa réhabilitation. Jamais il n’a accepté sa condamnation et il s’est battu jusqu’aux limites du concevable pour faire entendre sa voix d’innocent.
Tout commence en Novembre 1970. Roland Agret est condamné à 15 ans de réclusion criminelle. « On m’accuse d’être l’instigateur du meurtre de mon employeur de l’époque qui avait un garage à Nîmes. C’était une histoire rocambolesque. Et malgré mes protestations d’innocence, je prends 15 ans. Quand vous êtes un condamné définitif, poursuit-il, vous vous heurtez au mur de la chose jugée et là il a fallu se battre pour revenir en arrière. » Ce qu’il va faire. Sans relâche. Des années durant.
Après une garde-à-vue très dure, « A un moment j’ai pensé que j’allais raconter ce que les flics voulaient entendre pour être tranquille ». Il est mis en prison. « Là je n’accepte rien. Ma bonne culture bourgeoise est vite remise en question. Je casse tout en prison. Je m’évertue à faire tout ce qui est interdit. Partout où je passe je refuse les règles. Je n’ai jamais voulu travailler. J’étais une forte tête. Pour attirer l’attention sur moi, je ferais
n’importe quoi, j’ai notamment avalé des manches de fourchettes…je voulais hurler mon innocence ! »
A l’extérieur, sa femme Marie-Jo se bat elle aussi, en mobilisant médias et intellectuels autour du sort de son mari. « En 7 ans, j’ai fait 16 centrales et maisons d’arrêt jusqu’aux Baumettes à Marseille où j’ai entamé une grève de la faim et de la parole. ». Elle durera 1 an et 28 jours. Son poids chutera à 47 kg. En 1977, Roland Agret est finalement gracié par le président Valéry Giscard d’Estaing sous la pression des médecins et celle des médias.
« Mais ça ne me suffisait pas. Vous savez, quand vous êtes gracié, vous êtes toujours coupable. Moi je voulais la révision de mon procès. C’était mon obsession. Je ne voulais pas que mon fils et ma fille soient les enfants d’un gracié ». Il se lance alors, avec la même détermination, dans un nouveau combat pour sa réhabilitation. Rien ne peut l’arrêter : il avale des manches de fourchettes en public comme il l’a fait en prison, s’empoisonne Place Vendôme et se coupe deux doigts devant la presse pour les faire porter à Robert Badinter, Garde des Sceaux de l’époque…
« Roland a mené un combat extraordinaire », commente son épouse Marie-Jo qui de son côté n’a jamais ménagé ses efforts pour l’aider « Il a mené son combat comme une guerre ! » Et «cette guerre » portera ses fruits. En 1984, chose rarissime, il obtient la révision de son procès et «c’est à Lyon après 4 jours de débat que j’ai été innocenté et réhabilité ». Aujourd’hui, Roland Agret n’a pas le moins du monde baissé la garde. Avec son association, Action Justice créée en 1977 après sa sortie de prison, il vient en aide aux victimes de la machine judiciaire, et continue de se battre contre l’injustice. L’affaire d’Outreau qui a secoué le monde judiciaire, le rend malade « mais vous savez, des mini Outreau il y en a tous les jours, des gens qui sont condamnés dans des dossiers vides, sans preuve…Mais comme la presse ne s’y intéresse pas, personne ne le sait ! »
Pour ce révolté au langage cru, « L’erreur judiciaire est la pire des injustices. Elle démarre chez les enquêteurs qui sont mis en situation d’urgence, chargés en un minimum de temps de recueillir un maximum d’aveux…Donc on a un dossier en vrille au départ, on peut compter sur le juge d’instruction pour le maintenir dans cet état. Puis vous arrivez aux Assises avec votre costume (de coupable) qui est déjà tout prêt parce qu’il faut savoir que les jurés des longues affaires qui durent 3 ou 4 ans, n’ont jamais accès aux dossiers, ils n’ont droit qu’aux débats…et je n’hésite pas à dire qu’aujourd’hui, tous les jurés inconsciemment sont intellectuellement malhonnêtes c’est-à-dire que la plupart de ces jurés ne comprennent rien au langage de l’expert. Pourtant on va leur demander dans le secret du délibéré : à partir de ce qu’a dit tel expert, pensez vous que l’accusé peut bénéficier de circonstances atténuantes… et bien moi cette question, je ne peux pas y répondre car je ne suis pas expert !», clame-t-il avant de poursuivre : « Mais par-dessus tout, dans toutes les erreurs judiciaires, on se rend compte que ce n’est pas l’institution judiciaire qui est en cause: on se heurte à un problème d’individus et de comportements. Ce n’est pas le système qui dérape mais les individus qui sont à l’intérieur. Si tout le monde est correct, le juge, le procureur, l’expert… Outreau ne doit pas exister ! »
Roland Agret n’en finit pas d’être en révolte. Toujours en lutte contre une justice flouée, contre les injustices. « C’est la seule chose que je sache faire : me bagarrer pour que la situation s’améliore un petit peu ». Et celui qui se définit comme « une inguérissable plaie vivante » a un rêve : que l’on disperse ses cendres en pleine nuit devant le Ministère de la Justice… « ainsi, éternellement, mon âme hantera ce haut lieu des errances
judiciaires »…

Nathalie de Besombes/Gamma

Commentaires

Et on dit que la société à évolué, mon c............

Écrit par : Guy georges | dimanche, 04 octobre 2009

http://dutron.wordpress.com/2009/07/20/comite-de-soutien-«-verite-et-justice-pour-guy-peiffer-»/

http://lequotidien.editpress.lu/feed/le-pays/1319.txt

et voilà les dégats. Aussi au Luxembourg, il y a des problèmes de justice. Cordialement.

Écrit par : Guy Georges | dimanche, 04 octobre 2009

Venez découvrir Dany Leprince, l'homme qui aurait tué quatre personnes en trois minutes à l'arme blanche, sans laisser de traces, ou plutôt en laissant les traces de quelqu'un d'autre !
http://www.affaireleprince.com

Écrit par : Biloute | lundi, 25 janvier 2010

B.J.R suis d'accord avec vous car moi a 65ans suis victime d'1 femme qui ma escroquer battu et sais moi qui est été condamner je ne sais quoi faire ma raison et de vous le faire savoir et de savoir quoi faire merci amities

Écrit par : lucienne.goutaudier | lundi, 31 janvier 2011

Les commentaires sont fermés.