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mercredi, 08 juin 2005

ANDRE KAAS. "On a tué ma femme, détruit ma famille, jeté 3 ans en prison, et le meurtrier de ma femme court toujours...ce qu'ils ont démoli, j'avais mis 20 ans à le construire, je me battrai jusqu'au bout pour qu'il y ait réparation."

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Le dimanche 5 avril 1992, André Kaas et ses 4 enfants, qui habitent une superbe maison en banlieue rouennaise vont au cinéma. Sylviane, la mère, reste au domicile familial.. C’est au retour de la séance que tout bascule. Sylviane gît sur le sol, morte, tuée par les balles d’une carabine qu’on a retournée contre elle. Des bijoux et sa voiture ont disparu. Le cauchemar démarre. La police pense à un crime crapuleux et jette 2 suspects en prison avant de les relâcher. L’enquête n’avance pas. Les mois passent, et les enquêteurs vont s’intéresser à André Kaas, une personnalité hors du commun, qui dénote dans la bonne société rouennaise. Sur les révélations d’un dealer arrêté à la frontière lilloise, ils vont se forger la conviction -que partagera ensuite le juge d’instruction - que c’est André Kaas qui a commandité le meurtre de son épouse.
Celui-ci est homme d’affaire flamboyant, ancien champion de judo, qui a fait fortune en vendant des maisons individuelles. Il a la passion des femmes et multiplie les conquêtes, tandis que son épouse collectionne les amants. « on se disait tout, il n’y avait pas de mensonge entre nous ». Ils sont un couple libre. « J’avais, explique-t-il, une double vie, d’abord celle du grand bourgeois qui menait grand train –nous avions une villa
somptueuse, des employés de maison- et celle du champion de judo qui avait un club dans la banlieue rouennaise où j’entraînais les jeunes beurs des cités. J’aimais être au confluent de ces 2 mondes, celui des affaires et celui du sport » ajoute-t-il encore. André Kaas est placé en garde à vue. Puis en prison. « Dans cette affaire, s’emporte-t-il il n’y a pas d’aveu, pas de mobile, pas de preuve, pas de préméditation et je prends 19 mois de prison ! Alors pour moi ce n’est que de l’antisémitisme !» L’enquête a été bâclée. « L’incompétence du
juge » est pour lui flagrante et déterminante dans le déroulement de l’affaire. André Kaas est d’autant plus catégorique que l’année dernière, il a retrouvé un « pv de gendarmerie » rédigé 5 jours après le meurtre de sa femme –le 10 avril 1992. Ce pv énonce les pistes en présence à ce moment de l’enquête .Il y en a 3. La 3ème évoque « une personne vendant des tableaux (qui) s’est présentée » au domicile des Kaas, « elle s‘occupe de
réinsertion de personnes sortant de maison d’arrêt ». Il est écrit : « Cette piste n’a pas été explorée ». C’est hallucinant que l’on soit passé à côté de ça… ». Et puis selon Monsieur Kaas, une autre chose a joué contre lui :« le fait que je ne vive pas comme tout le monde ; trop d’argent, trop de femmes, une vie différente. J’avais certainement tout pour attirer la haine et puis certains voulaient se faire un gros juif » commente-t-il aujourd’hui.
Le mari de Sylviane Kaas passe alors, dans un premier temps,19 mois en prison à Rouen. Au terme de cette période, le juge enfin convaincu de son innocence le libère. Mais un mois plus tard, il est renvoyé derrière les barreaux par la présidente de la chambre d’accusation et contre l’avis des parties civiles. Il va refaire 16 mois. En tout ce sera 3 ans pour un crime dont il est soupçonné à tort. 3 ans pour rien. Il sortira le 16 octobre
1996. le non-lieu ne viendra que le 5 avril 2004 –exactement 12 ans après la mort de sa femme.
Entre temps, le nouveau procureur de la République de Rouen Joseph Schmidt a repris l’affaire. Et est tombé sur la fameuse piste « non explorée » mentionnée dans le pv de gendarmerie, celle du vendeur de tableau à domicile récemment sorti de prison. «Cet individu fait du repérage chez moi 15 jours avant le meurtre et vend un tableau à une de mes employées de maison, et quand on l’interroge en 2000 sur le dossier Kaas, on
s’aperçoit que le portrait robot -établi 8 ans plus tôt au lendemain du meurtre de ma femme- lui ressemble trait pour trait !! »...« Ainsi, reprend André Kaas, avec toujours autant de détermination « nous estimons qu’aujourd’hui il y a assez d’éléments pour envoyer cet homme devant une Cour d’assises. Mais il est toujours en liberté et une femme peut mourir à cause de lui…je veux que l’instruction reprenne et que mes enfants puissent faire le deuil de leur mère ! D’un point de vue judiciaire : on se trouve face à une erreur monumentale ! » et ce père de famille d’enchaîner « je voudrais également dire que les conséquences humaines de cette histoire sont tragiques ».
Au moment de son interpellation, sa fille aînée Nathalie a 21 ans et vient de passer sa maîtrise de Droit, son fils Julien a 14 ans, Jérôme en a 12, et le petit dernier 4. « Les gosses ont été abandonnés et recueillis par ma fille. On habitait dans une villa somptueuse, et dans les semaines et les mois qui ont suivi mon incarcération j’ai dû brader tout mon patrimoine. Mes enfants ont été contraints d’arrêter leurs études pour subvenir à leurs besoins ».
Retrouver l’assassin mais aussi obtenir réparation. Voilà les combats d’André Kaas maintenant innocenté du meurtre de sa femme. Il réclame réparation par rapport au préjudice économique subi. « Ca a été une épreuve difficile de voir tout ce que j’ai bâti en 20 ans, détruit. Je veux avoir les mêmes liquidités qu’avant et c’est d’ailleurs ce que prévoit la Loi de 2001 ». Aujourd’hui la justice ne prend pas en compte les conclusions de
l’expertise financière réalisée aux frais de Kaas et qui chiffrent les pertes de la famille à 1,7 million d’euros (pour la détention). « J’irai au bout. Je suis têtu, ça durera ce que ça durera, je ne lâcherai pas le Garde des Sceaux. Je suis prêt à lancer une campagne à Lyon où il veut être maire, en racontant aux Lyonnais ce qui s’est passé pour que les gens voient qu’il ne s’intéresse pas aux victimes. »
« Vous savez, ajoute-t-il encore en guise de conclusion, on ne peut pas se remettre d’un tel drame. Par contre tout ce qui ne vous tue pas, vous rend plus fort ». Et assurément André Kaas, 13 ans après le meurtre de sa femme, semble plus déterminé que jamais à combattre…

Nathalie de Besombes/Gamma

00:00 Publié dans Enquète | Lien permanent | Commentaires (9)

Commentaires

Une victime de plus

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Écrit par : Annie | mercredi, 26 novembre 2008

Votre histoire m'émeut au plus haut point. Quand la justice se met à être injuste, il n'y a rien de plus INJUSTE.
Ne baissez pas les bras, un jour ou l'autre la lumière jaillira. Sur les ondes, dans l'émission de J. Pradel, 'ai entendu Julien que j'ai trouvé très mesuré dans ses propos, sachant ce qu'il a vécu et vit certainement encore.
Tenez bon la barre et je vous souhaite une bonne année 2010. Comme on dit chez nous "LECHANA TOVA"
Sincèrement. Vincent

Écrit par : klein | lundi, 11 janvier 2010

Si les victimes (toutes confondues) du système judiciaire se mobilisaient sérieusement, cela ferait un grand BOUM
Mais encore faut-il le vouloir !

Écrit par : Catherine | lundi, 11 janvier 2010

C'est juste il y a des victimes judiciaires en nombres.

Infos: http://dutron.wordpress.com/2009/07/20/comite-de-soutien-«-verite-et-justice-pour-guy-peiffer-»/

Écrit par : Guy Georges | mardi, 26 janvier 2010

Note that he was careful not to explain his technique! Thanks for this article, Roger!

Deborah

Posted by: Deborah | Friday, 14 March 2008

it's good to see this information in your post, i was looking the same but there was y proper resource, thanx now i have the link which i was looking for my research.

Écrit par : Link Building Services | mercredi, 28 juillet 2010

Votre histoire me boulverse et me passionne J'ai lu votre livre, visionné tous les sujets vous cocernant et je vous trouve, ainsi que vos enfants, absolument remarquable. J'aime la façon dont vous relatez ces faits dramatiques sans vous départir, par moment, d'une certaine forme d'humour malgé tout. Vous êtes brillant et je comprends votre réussite passée et je ne me fais aucun soucis pour vous quant à l'avenir. Je suis certaine que vous rebondirez, en tous cas, je vous le souhaite.

Écrit par : Spira | mardi, 12 octobre 2010

Compte tenu du carractère émouvant de votre témoignage lors d une émission relative à votre affaire et surtout de votre courage doublé d un sang froid certain ,j aurai plaisir à rentrer en contact avec Mr KASS en cherchant à l aider dans le cadre de financement de ces projets immobilier .Merci à bientôt P y M

Écrit par : miral patrick | jeudi, 28 octobre 2010

Victims can also have a great role in one's life. Because the world today is fully surrounded with lots of flakes.

Écrit par : Web Designer Saudi Arabia | vendredi, 08 juillet 2011

Bonsoir Mr Kass,
Je viens de regarder l’émission « enquêtes criminelles sur w9 à 2h05 ce 1701.12
Je voulais vous dire que j’ai été extrêmement choquée par les propos de l’ancien procureur qui s’est chargé de votre enquête au moment du meurtre de votre épouse. Il site à ceci près qu’il est désolé pour vos deux autre codétenus pour leur vie brisé par leur incarcération injuste, mais qu’il n’en avait pas pour vous et votre famille, vos enfants. Pour moi ses propos sont un antisémitisme déguisé. Et ce Monsieur est un juge de la république ! Honte à la France de laisser ce juge dans ses fonction et qu’il ne soit pas sanctionner, et démit de ses fonctions et pourquoi de la prison pour qu’il comprenne tout ce qu’il vous a infliger à vous tous
Bien à vous et battez-vous…
Eliz MOULIN

Écrit par : elizabeth moulin | mardi, 17 janvier 2012

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